Belly Le Ventre sur Esprit Presse

Le lecteur appréciera au fil des pages de ce roman une écriture riche, inventive et rythmée, imagée et savoureuse. Nous le refermons repus et satisfaits, comme consolés du temps qui passe et des petites misères du quotidien. Justement, à l’heure de l’hyper-vitesse, Belly Le Ventre s’offre comme une délicieuse façon de se poser, de prendre le temps de déguster chaque formule et de reprendre du poids par la lecture de ce texte hyper-calorifique. L’auteur nous conte la tentative des « Ventriens » de conquérir le pouvoir absolu sur les autres « Organiques », après avoir mis à mal le règne utopiste et sans saveur des « Unitaires ». Cette aventure, c’est Belly qui nous la raconte. Ce Ventrien pur gras s’adresse à nous, « Mondiens d’hier », afin de nous annoncer la fin prochaine d’une humanité censée fédérer tous les sens, toutes les sensibilités, tous les organes. Dans le monde imaginé par Paul Ardenne, le sens laisse place à l’organe et entreprend de gagner son indépendance vis-à-vis d’un fédéralisme mou et insipide. Dans ce futur, Belly nous fait alors découvrir la luxuriance hyper-protéinée d’une humanité ventrique pour qui seuls comptent le plaisir et la nourriture, que dis-je, l’engouffrement : « Le ventre agit pour être satisfait, point. » Une façon de questionner la phase anale de notre société, où nous passons notre temps et dépensons toute notre énergie à nous regarder, à nous dévorer, à nous repaître de nos instincts les plus vils ? Belly, le Gargantua du xxie siècle ?

Bertrand Naivin

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