
Introduction : Claude d’Anthenaise – Conference : Barbara Polla & Paul Ardenne
With Katja Aglert, Véronique Caye, Georges Franju, Julia Ghita, Mihai Grecu, Pauline Horovitz, Signe Johannessen, Ali Kazma, Merve Kaptan, Erik Levine, Lucy & Jorge Orta, Tiziana Pers, Lucie Plumet, sintacti-k, Jeanne Susplugas.
Free Entrance. Registration mandatory : reservation@chassenature.org.
Just two years ago, in this same hunting and nature museum, Musée de la Chasse, we presented the 23rd session of VIDEO FOREVER, dedicated to the theme of death. A summary of the session can be found on the VIDEO FOREVER blog. We showed, among other things, a film by Raphaëlle Paupert-Borne about the illness and death of her daughter, whom she lost to cystic fibrosis at the age of 4 or 5. Everybody stayed to watch it in its entirety. It is a beautiful film. During the session, we also showed Ali Kazma’s film Slaughterhouse. It, too, is a beautiful film. In it, we witness animals dying in a kosher slaughterhouse in Istanbul. At least twenty people left the room.
Claude d’Anthenaise later proposed we organize a session dedicated specifically to the theme of animal deaths. And we asked ourselves: how is it that the death of this little girl was watchable but the animal deaths were not? There are likely several reasons for this. First, the death of the little girl was inevitable while that of the animals was imposed on them. But forced death does not systematically cause spectators to flee from the cinema – far from it. One might reply to this counter-argument that in war movies, men do not really die – but in war, yes, they do really die, just like animals at the slaughterhouse. Another assumption we may make to justify this differential sensitivity would be the question of innocence. All of us would need a kind of “protectorate of innocence.” Since humanity has lost all innocence as of a century ago, – we now realize that human beings are capable of the worst, overwhelmingly so – perhaps children, who are future adults, have also lost their innocence in our eyes. Perhaps animals now represent a kind of “natural reserve of innocence” that we should not tamper with. No matter that animals kill one another; they would nonetheless be exempt from the possibility of evil.

We therefore set out to research the best way to approach this theme, avoiding whenever possible that spectators leave from the outset – and although the artists’ videos assembled for this program do not provide answers to the fundamental questions we ask ourselves about animal deaths, they do allow us to more deeply explore the questions asked, including, among others:
* Is whatever makes us “mortal” beings – the consciousness of our death, both as individuals and as a species (human) – shared by animals? Are animals conscious of their own death – of death itself – in the same way men are?
* In representations that aspire to make us feel such a consciousness, how much of what we feel is “projection”? (This question is particularly apt in relation to video art..)
* Why do contemporary artists not represent animal deaths that occur naturally, even though animals die of natural causes? Why don’t they represent deaths that result from animals killing one another?
* Does the movement, at times fanatical, to prevent animals from dying correspond to the desire to prevent human death – and, faced with the impossibility of doing so, to a kind of détournement?
* What about rituals and ritualizations of death?
* Why would classic hunting images, which were, and still are, considered “beautiful” (see images in this museum) be maligned – or why are they –, insofar as they are contemporary?
* What do artists who deal with the subject of animal deaths tell us about our own relationship to death?
This program was conceived while keeping several themes in mind: deaths from natural causes; the question of conscience; ways of representing slaughterhouses, including choreography; hunting, fishing, and eliminating animals harmful to agriculture; tributes to endangered animals; the potential beauty in representations of death.
Thanks to Annie Aguettaz (Images-Passages), Janet Biggs, Camille Goujon, Laurie Hurwitz, Ida Pisani (Prometeo Gallery).

Il y a exactement deux ans, en ce même musée de la Chasse et de la Nature, nous présentions la 23ème session de VIDEO FOREVER, dédiée au thème de la mort. Vous pouvez en trouver la reprise vidée sur le blog de VIDEO FOREVER. Nous avions montré, entre autres, un film de Raphaëlle Paupert-Borne sur la maladie et la mort de sa propre petite fille, décédée de mucoviscidose à l’âge de 4 ou 5 ans. Vous étiez tous restés regarder. C’était un beau film. Dans le déroulé de la séance, nous avions également montré le film Slaughterhouse de Ali Kazma. C’est aussi un beau film. On y voit les animaux mourir dans un abattoir kasher à Istanbul. Au moins vingt personnes avaient quitté la salle.
Claude d’Anthenaise nous a alors proposé d’organiser une séance spécifiquement dédiée au thème de la mort des animaux. Et nous nous sommes interrogés : comment se fait-il que la mort de la petite fille soit regardable, et celle des animaux ne le soit pas ? Il y a probablement de multiples raisons à cela. D’abord, la mort de la petite fille est une fatalité, celle des animaux est infligée. Mais la mort infligée ne fait pas systématiquement fuir les spectateurs du cinéma, loin de là. On pourrait répondre à ce contre-argument que dans les films de guerre les hommes ne meurent pas vraiment – mais à la guerre, oui, ils meurent vraiment, comme à l’abattoir.
L’une des hypothèses émises pour expliquer cette sensibilité différentielle serait la question de l’innocence. Nous aurions tous besoin d’une sorte de « protectorat de l’innocence ». L’humain ayant depuis le siècle dernier perdu toute innocence – nous savons désormais qu’il est capable du pire, massivement – peut-être que l’enfant, futur adulte, a lui aussi perdu de son innocence à nos yeux. Peut-être que les animaux représentent désormais pour nous une sorte de « réserve naturelle d’innocence » à laquelle nous ne devrions pas toucher. Peu importe que les animaux se tuent entre eux, ils n’en seraient pas moins exemptés de la possibilité du Mal.
Nous nous sommes alors mis à la recherche de la meilleure manière d’aborder ce thème, en évitant dans toute la mesure du possible que les spectateurs ne quittent la salle d’entrée de jeu — et si les vidéos d’art réunies dans la programmation proposée ne vont pas apporter de réponse aux questions fondamentales que nous nous posons à propos de la mort des animaux, elles vont nous permettre d’approfondir les questions posées, qui sont, entre autres :
*Ce qui fait de nous des êtres « mortels » – la conscience de notre mort en tant qu’individus et en tant qu’espèce (humaine) – est-elle partagée par les animaux ? Les animaux ont-ils conscience de leur mort – de la mort – de manière similaire aux hommes ?
*Dans les représentations qui visent à nous faire ressentir une telle conscience, quelle est la part de « projection » ? (une question particulièrement adéquate quand il s’agit de vidéos…)
*Pourquoi les artistes d’aujourd’hui ne représentent-ils pas la mort naturelle des animaux, quand bien même les animaux meurent de mort naturelle ? Pourquoi ne représentent-ils pas la mort que les animaux se donnent entre eux ?
*La volonté parfois forcenée d’annuler la mort des animaux répond-elle du désir d’annuler la mort humaine – et devant l’impossibilité de ce faire – à une sorte de détournement ?
*Qu’en est-il des rituels, des ritualisations de la mort ?
*Pourquoi les images classiques de chasse qui étaient et sont encore considérées comme « belles » (voir les images du musée) seraient-elles – ou sont-elles – aujourd’hui décriées, dans la mesure où elles sont contemporaines ?
*Que nous disent les artistes qui travaillent sur la mort des animaux de notre propre rapport à la mort ?
La programmation elle-même a été conçue par thèmes : la mort naturelle ; la question de la conscience ; les représentations de l’abattoir, incluant la chorégraphie ; la chasse, la pêche, et l’élimination des animaux nuisibles à l’agriculture ; les hommages aux animaux en voie de disparition ; la possible beauté des représentations la mort.
Merci à Annie Aguettaz (Images-Passages), Janet Biggs, Camille Goujon, Laurie Hurwitz, Ida Pisani (Prometeo Gallery).
Entrée libre. Inscription indispensable à l’adresse suivante reservation@chassenature.org.